City Sonic Winter Sessions 2019, avec Raymond Delepierre


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Swalling hEARt

 

Halles  universitaires, UCL à  Louvain la Neuve

Quelques impressions à la volée après une semaine à déambuler entre espaces sonores urbains et œuvres sonores installées.
La ville sans voitures, j’en ai déjà parlé, mais chaque fois que je traverse la petite bourgade de Louvain la neuve, la place des voix, des pas, des oiseaux, même hivernaux, des valises à roulettes et autres charriots donne du grain à moudre à mes oreilles qui profitent largement de ce centre apaisé.

Côté intérieur, un espace assez fascinant, le hall de l’université catholique où deux « œuvres au noir », de par leurs couleurs, se répondent en tissant un bien bel espace visuel et sonore.

Raymond Delepierre

L’artiste, Raymond Delepierre, est un homme au oreilles grandes ouvertes sur le monde, et un plasticien qui sait tirer de l’espace ambiant tout son potentiel, pour l’habiter, le faire vibrer de formes et de sons. Swallling hEARt (Cœur qui avale) est une impressionnante sphère noire, lisse et douce, posée dans ne extrémité de la salle, qui donne d’emblée envie de la caresser, de s’y coller, oreilles et corps, dans une attirance assez fusionnelle. et en fait c’est bien là ce qu’il faut faire ! Les sons, paysages multiples, abeilles, chant basque, ruisseau, courent à l’intérieur de cette sphère, s’approchent, s’éloignent, tournent, et viennent faire vibrer nos mains, nos joues, notre corps. Immersion tactile, kinesthésique, intime, l’expérience est belle. Cette œuvre convoque moult postures d’écoute, où il est beau de regarder des personnes écouter dans un geste collectif, où grands et petits, peuvent tester ces vibrations sonores, ces paysages intérieurs à fleur de peau, de tympans… On pourrait y rester longtemps, et il faut en effet prendre le temps de laisser la sphère captiver notre écoute, où se développent des images mentales bienveillantes, dans l’esprit-même de l’artiste Raymond Delepierre, que j’ai toujours beaucoup de plaisir à retrouver. Nous avons tant d choses à bous raconter chaque fois.

 

Stubborn Waves

A quelques mètres, tournent très lentement deux haut-parleurs, Stubborn Waves, eux aussi noirs, posées sur un cercle de même couleur. L’ensemble de l’installation pourrait être austère, ténébreuse, dans ces teintes qui parfois évoquent des choses peu avenantes, mais il n’en est rien. Tout reste aérien, le noir propose plutôt un écrin sobre, plutôt neutre, qui laisse de l’espace aux formes et aux paysages sonores diffusés. Ces deux trompes émettent des sons, assez doux, avec parfois des sursauts plus toniques, qui sont issus des sonorités de l’extérieur de la ville, attrapées et ramenées en intérieur par des micros extérieurs, avec des traitements acoustiques qui les colorent sans en effacer totalement les sources. C’est une sorte de cabine Leslie dont on aurait ralenti à l’extrême la vitesse de rotation, lui faisant perdre ainsi l’effet Doppler accompagnant les mouvements sonores rapides dans l’espace.
Les sons balaient circulairement, lentement, l’espace de l’auditeur.

 

C’est un écho à une autre œuvre de Raymond Delepierre, X belle X-1, installée aux ans auparavant à Charleroi, moins plastique car plus acousmatique (Les sources sonores sons cachées, ou peu visibles, pour ne laisser que les sonorités comme objet d’écoute).

Ces trompes font aussi pour moi écho à la sculpture mégaphonique Bruxelloise, la Pasonaria d’Emilio Lopez Menchero.

statue1000pasionaria01Pasonaria d’Emilio Lopez Menchero

 

Petite parenthèse, dans l’histoire des arts sonores, on pourrait écrire un livre entier sur l’usage des hauts-parleurs, public-adress, dans leurs fonctions informatives, politiques, esthétiques, tant il y a d’artistes qui ont, chacun à leur façon, mis en scène ces fascinants objets …

Mais revenons à notre installation. Lorsque l’on est entre les deux œuvres, se produit un mixage délicat, où l’un ou l’autre des dispositifs, la sphère ou les haut-parleurs, se relaient, se superposent, prennent l’ascendance à tour de rôle, font émerger telle ou telle ambiance, sans surenchère aucune, dans une forme de respect mutuel.
Le visiteur peut lui-même, en se déplaçant d’un point à l’autre, en tournant autour de la bulle, en suivant la rotation des HP, en naviguant dans l’espace de l’installation, mixer sa propre installation, se trouver des points d’ouïe, se placer entre deux, fabriquer son parcours/paysage. C’est là l’apanage d’installations sonores réussies, dans l’équilibre à trouver entre les différentes sources sonores, exercice parfois compliqué tant pour les artistes que pour les commissaires ayant charge de placer les œuvres, et surtout de les faire cohabiter dans des espaces d’audio monstration.
Ici vous l’aurez compris, le visuel comme le sonore fonctionne à merveille.

 

Page City Sonic : http://citysonic.be/festival2019/raymond-delepierre/

Interview  Sonic Radio  : https://soundcloud.com/transonic-be/raymond-delepierre-interview-city-sonic-16-sonic-radio-2019?in=transonic-be/sets/sonic-radio-2019

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