
Art Performance et parcours d’écoute…
Depuis quelques mois, je découvre véritablement, progressivement, en le côtoyant de près, ce qu’est l’art performance, ou l’art action, selon les terminologies employées. Au-delà des grandes références et de quelques clichés que j’avais fait miens, au fil de rencontres, de voyages et de co-résidences, notamment au et avec le Crane-Lab, je croise des artistes performers de différents pays et pratiques, et surtout les regarde travailler et échange beaucoup avec eux. Ecritures serrées, parfois concises, voire incisives, corps en action, entre objet de représentation et moteur scénique, contextualisation jouant avec ou se jouant des lieux, des objets, de l’espace, parfois du public, décalage poétique, de l’intime à l’extime assumé, parole sociale, politique, se nourrissant de nombreuses références, d’événements, de tranches d’histoires mises en scène, installations plastiques, paroles, sons ou silences gestués… les formes performatives sont extrèmement variées et donc, pour moi en tout cas, assez surprenantes, dans le bon sens du terme. Hors les scènes de représentations habituelles, l’art performance nous montre, nous suggère ou nous assène moultes images dont il nous est difficile de ne pas en ressentir la force, la dérision, l’humour, l’espoir, la colère, la suggestion, le rêve… Elles s’installent dans nombre de lieux, petits ou grands, intérieurs et extérieurs, allant généralement chercher le public là où il se trouve. Ces scènes parfois très courtes, se déploient à différents degrés de réalisme ou d’onirisme, sans convoquer d’énormes dispositifs, de façon plutôt fugitive, éphémère, même si l’action artistique peut être très énergique, voire violente. Des pratiques qui ne manquent donc pas de me questionner. Elles remettent, ou en tous cas remettront vraisemblablement en jeu mon approche de l’espace public, de son écoute, de son appréhension, du partage avec le public, sans savoir pour autant ce qui sera ou non impacté, de quelle façon, à quel moment et à quel degré. J’ai maintenant l’impression que dans certaines représentations artistiques que j’ai suivies comme spectateur, le discours très conceptuel, technique, social, ou la forte présence de dispositifs omniprésent appauvrissaient considérablement la force de l’émotion que je peux ressentir dans certaines performances a priori beaucoup plus modestes dans leur mise en forme. Rapportant cela à la pratiques des parcours d’écoute, balades sonores, et des micros installations mobiles, qui me semblent être les plus proches de certaines actions performatives, toute proportion gardée, je pense que je revisiterai, sensiblement, au fil des projets et des lieux, l’écriture de mes déambulations sono-paysagères. Je le ferai à l’aune des expériences récemment vécues, sans pour autant dévoyer leur objectif initial, mais au contraire en cherchant à rendre encore plus sensiblement, plus physiquement présente la jouissance des scènes acoustiques parcourues.